Ils croyaient au diable et à la réincarnation.

4e de couverture

Au début du XIIIe siècle, dans le sud de la France, de nombreux catholiques se convertissent au catharisme. Un lourd secret de famille conduit Bertrande à quitter momentanément Béziers et son mari pour se rendre à Pamiers. Là, elle demandera à sa fille Alix d’embrasser cette nouvelle religion pour devenir une Parfaite et accéder ainsi au royaume des cieux lorsque son heure sera venue. La jeune fille, d’une grande beauté ne l’entend pas ainsi, d’autant qu’un homme aussi étrange que redoutable nourrit ses pensées.

Les événements se précipiteront et les forceront à rejoindre Béziers où la rumeur d’un anéantissement de la ville par la papauté se fait de plus en plus pressante. Mais pour Alix la véritable menace est bien plus proche et dans l’ombre un individu veille…

Sortie le 13 février 2017

Couverture "La Parfaite"

Prologue

À partir de l’an mil, de nombreux mouvements religieux prolifèrent dans toute l’Europe. Ils prendront leur plein essor entre le 11e et le 13e siècle. L’un d’entre eux, la religion des Bons Hommes et des Bonnes Femmes – ou encore des Bons Chrétiens – appelés plus tard « cathares » se développe principalement en Italie du Nord et dans le Languedoc.

Cette religion bientôt qualifiée d’hérétique s’appuie sur le Nouveau Testament et ne conserve que le Pater comme prière. La distinction ne s’arrête pas là. Pour ses fidèles, Dieu gouverne le « royaume » céleste. Le Diable, lui, règne sur le « monde » terrestre. Zoé Oldenbourg, dans Le bûcher de Montségur, décrit ainsi la situation religieuse de l’époque :« Le Démon, qui est le prince de ce monde, a si bien égaré les hommes, il a si bien détruit l’œuvre de Jésus, qu’une fausse Église s’est substituée à la vraie et a pris le nom de chrétienne alors qu’elle est en réalité l’Église du Diable et enseigne exactement le contraire de la doctrine de Jésus… »

Pour atteindre les cieux, il faut avoir une existence exemplaire, celle d’un « Parfait ». À défaut d’y parvenir, l’âme doit errer d’être en être, humain ou animal, au cours de vies successives, et cela jusqu’à neuf fois.

Cette hérésie représente un réel danger pour l’Église de Rome. En effet, bien que chrétiens, les cathares la rejettent totalement, elle et tout ce qu’elle comporte. À titre d’exemple, ils interprètent différemment les Saintes Écritures et refusent la doctrine des sept sacrements.

Leur religion n’en comprend qu’un seul : le consolamentum – la consolation – qui se réalise par l’imposition des mains. À la fois baptême, eucharistie, confirmation et extrême onction, cette consolation est destinée à apporter le salut éternel. Alors que dans le catholicisme le baptême se fait dès le plus jeune âge pour laver du péché originel, chez les hérétiques il est le résultat d’une vie d’ascèse, de travail, d’étude et de bienveillance envers autrui, des valeurs spirituelles quasi philosophiques, incompatibles avec celles du clergé qui privilégie les taxes et monnaye l’absolution des péchés pour alimenter une puissance toujours plus avide de pouvoir et d’argent.

Les conséquences de ce divorce font que les hérétiques, plus nombreux de jour en jour, ne payent plus leurs redevances aux serviteurs de Rome.

D’autre part, avec ce refus de contribuer financièrement à la bonne marche du Saint-Siège, le pouvoir politique de l’Église se trouve amoindri dans cette région du sud de la France. Comme la population rejette l’Église, l’excommunication ne fait plus peur aux grands seigneurs qui, à leur tour, en prennent à leur aise avec l’autorité de Rome.

Enfin, le catholicisme perd peu à peu de son pouvoir spirituel avec l’abandon de la confession. Le clergé perd ainsi son contrôle sur les pensées du peuple et son pouvoir de décréter ce qui est bon ou mauvais pour autrui.

Pour le pape Innocent III, il fallait réagir.

Tout d’abord de façon diplomatique avec de nombreuses missions destinées à faire « rentrer dans le rang » les hérétiques et leurs seigneurs, puis plus brutalement. Pour cela, il fallait un prétexte.

Celui-ci survint en 1208…

I

La lune de miel

18 juillet de nos jours

La sonnerie du téléphone d’Alice retentit, un air joyeux qui collait bien avec son humeur. Par ce bel été, le soleil apportait avec ses rais de lumière une sensation de bonheur, d’insouciance et de légèreté qui portait à profiter de la vie. Elle respira profondément comme pour la faire pénétrer en elle.

Elle s’était mariée quinze jours auparavant et  habitait un petit pavillon un peu isolé du centre de Béziers, mais c’était le prix à payer pour de jeunes propriétaires.

Elle vérifia le nom inscrit sur l’écran. Il s’agissait de Corinne, son amie d’enfance avec qui elle avait l’habitude de faire de nombreuses sorties.

— Corinne ! Comment vas-tu ?

— Super bien ! Je me demandais… cela te dirait de venir faire des courses avec moi, en ville ?

Alice hésita avant de répondre. Elle regarda son mari à la dérobée. Il était assis à pester et à s’agiter devant la télévision qui différait la retransmission du match du début d’après-midi en raison du décalage horaire. Le Mondial primait sur tout.

— Putain, mais ils vont arrêter de parler et enfin le jouer ce match ! hurla Fabien.

La violence de ces mots orduriers la choqua. La perspective de passer dans ces conditions toute la journée avec son mari posté devant l’écran ne l’enchantait pas outre mesure. D’un autre côté, elle savait que Fabien n’aimait pas qu’elle se sépare de lui lorsqu’elle ne travaillait pas. Il lui en avait déjà fait à plusieurs occasions la remarque et chaque fois avec plus de véhémence. Une fois même, il avait failli en venir aux mains, mais s’était contenu au dernier moment, puis excusé en lui disant qu’il était si amoureux d’elle qu’il ne supportait pas qu’elle s’éloigne de lui, ne serait-ce que pour quelques heures. Elle avait trouvé cela plutôt flatteur et n’y avait plus songé. Elle réfléchit que ce serait bientôt son anniversaire et que cette sortie avec Corinne lui permettrait de lui offrir un cadeau pour lui en faire la surprise.

La voix insista dans son téléphone :

— Alice ? Tu ne vas pas me dire que tu ne veux plus me voir maintenant que tu es mariée ?

— Non, pas de problème. Vers trois heures, cela te va ?

— Si tu préfères, on peut remettre cela à un autre jour. Je comprendrai. Deux jeunes mariés…

— Arrête ! Il n’y a pas de problème, je te dis.

— Bon ! Eh bien, à tout à l’heure ! On se retrouve au café devant le théâtre ?

— D’accord ! À tout’.

Fabien tourna la tête vers elle.

— C’était qui ?

— Corinne.

— Qu’est-ce qu’elle voulait ?

— Elle me proposait de faire des courses avec elle, cet après-midi.

— Pas question !

— Comment cela, pas question ? Tu as prévu autre chose ?

— Non, je n’ai rien de prévu, mais je ne veux pas que tu sortes.

— Tu as quelque chose à lui reprocher ? Elle était pourtant témoin de notre mariage, il y a quinze jours.

— Non, je n’ai rien contre elle, si ce n’est qu’elle te détourne de moi.

— De toi ? Tu ne penses pas ce que tu dis. Elle n’a rien contre toi !

— En tout cas, elle téléphone un samedi.

— Je ne vois pas en quoi cela te dérange, tu es devant la télévision depuis que tu es levé et il y a encore des matchs toute la soirée.

— Cela n’a rien à voir. Je ne veux pas que tu sortes, un point c’est tout.

Le ton n’admettait aucune protestation. Le sang d’Alice ne fit qu’un tour. Jamais, on ne lui avait parlé de cette façon. Elle était majeure et gagnait parfaitement sa vie avec son emploi de chef comptable, mieux même que son mari, garde de sécurité au chômage depuis un mois et qui ne donnait aucun signe de vouloir chercher du travail.

— Nous ne sommes mariés que depuis deux semaines et tu me donnes des ordres ? Si nous faisons quelque chose ensemble cet après-midi, j’annule mon rendez-vous. Si tu restes ici à regarder tes matchs, je préfère m’occuper autrement.

Fabien abandonna son canapé brusquement et se dirigea droit sur elle…

La liberté est ce qu’il y a de plus difficile à conquérir, car l’homme forge lui-même ses propres chaînes. (Le banquet)

La beauté est un soleil cruel, trop d’éclat oblige à s’en protéger. (Le capitaine)

Quand l’ignorance se travestit pour se donner l’apparence du savoir, elle prend le nom de « croyance ». (Le Diable)

Pour avoir le sentiment d’exister, les hommes cherchent à ressembler à tout le monde sans se rendre compte que c’est à ce moment précis qu’ils perdent leur individualité et qu’ils existent le moins. Plus ils sont nombreux sous la même bannière, plus ils se croient emblématiques. Ils deviennent alors personne alors qu’ils pensent être quelqu’un. (Le Diable)

Si le malheur frappe souvent à la même porte, en revanche, une fois éconduit, le bonheur s’y représente rarement. (La proposition)

Exemple de texte

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