L’odyssée 1

Etape 1

Le pays des Cicones

L’Odyssée peut se concevoir comme un voyage intérieur à la recherche du bonheur ou tout du moins d’une sérénité proche de la sagesse. N’oublions pas qu’Odysseus signifie « colère ».

La première étape de son long périple à partir de Troie se situe en Thrace sur l’île Ismaros

Odyssée chant IX

En m’emportant d’Ilion, le vent m’approcha des Cicones, d’Ismaros. Là, je mis à sac la cité, j’en massacrai les hommes, et puis on prit dans la ville les femmes, les richesses de toute sorte, et on fit le partage, afin que nul ne pût me reprocher de s’en aller frustré de sa juste part.

Alors, je conseillai de nous enfuir d’un pied rapide ; mais les autres, ces fous, ne m’écoutèrent pas. On buvait force vin, et le long du rivage on égorgeait en quantité moutons et bœufs luisants à la marche traînante. Cependant les Cicones étaient allés clamer leur malheur à d’autres Cicones, leurs voisins, plus nombreux ceux-là et plus vaillants, qui habitaient l’intérieur des terres, et savaient combattre leurs ennemis sur un char et, si besoin était, à pied.

Ils arrivèrent donc un matin au crépuscule, nombreux comme les feuilles et les fleurs dans la saison. Alors, Zeus nous infligea le malheur d’une terrible destinée, pour nous faire éprouver maintes souffrances. Les Cicones engagèrent le combat en bon ordre sur le flanc de nos vaisseaux rapides ; on se lançait mutuellement des javelots de bronze. Pendant l’aurore et la montée du jour sacré, nous leur résistions et tenions ferme contre les ennemis plus nombreux ; mais quand le soleil s’inclina vers l’heure de dételer les bœufs, alors ils firent fléchir et domptèrent les Achéens. Sur chaque vaisseau, six de mes compagnons aux bonnes jambières périrent ; nous autres, nous fuyions loin de la mort et du destin.

La première idée que l’homme se fait du bonheur est l’acquisition de biens matériels, voire de la richesse. Le bonheur consiste souvent à détenir plus que ses voisins, plus que de besoin, plus que, plus que, plus que.

Le vol, le pillage, la fourberie sont les moyens les plus immédiats pour s’enrichir et, s’ils ne sont pas les moins dangereux, ils sont les plus rentables. Avec peu d’effort, un risque calculé on peut obtenir un grand résultat.

La première étape de l’Odyssée consiste donc à débarquer à piller, violer les femmes Cicones et à détruire leur ville, Ismaros.

Malheureusement, alors que Ulysse et ses hommes fêtent leur victoire sous les remparts de la cité, de nombreux renforts arrivent et livrent une lutte acharnée contre l’envahisseur. Six guerriers d’Ithaque succombent sur chacun des douze vaisseaux et la flotte doit rapidement appareiller pour éviter un carnage plus important.

Ulysse aura perdu près de dix pour cent de ses compagnons dans cette étape. Son équipage aura été décimé.

Interprétation

Cette accession au bonheur par le pillage s'effectue de la façon la plus primaire qui soit. Celle qui fait appel aux plus bas instincts, au cerveau reptilien, si l’on veut mettre des mots scientifiques sur ces agissements.

Elle procure un « bonheur » immédiat et éphémère : On buvait force vin, et le long du rivage on égorgeait en quantité moutons et bœufs luisants à la marche traînante.

La conclusion parle toute seule, il faut fuir ce type de recherche sous peine de risquer de tout perdre comme ces compagnons infortunés.

*

Article précédent : Ulysse

Mythologos de Franck Senninger

Milon de Crotone a gagné les Jeux olympiques de lutte  dans la catégorie des plus jeunes quand un « inconnu » du nom de Pythagore lui annonce qu’il ne remportera plus jamais de victoires à moins qu’il ne suive ses conseils.

Commence alors, une véritable initiation au travers des plus grands mythes grecs, dont le sens caché lui est peu à peu révélé. Il deviendra alors le plus grand athlète de tous les temps au palmarès inégalé.

Mais le bonheur a un prix…

Acheter

Ce livre peut aussi vous intéresser : Je m'appelle Aspasie

Abonnez-vous à la Newsletter…

L'auteur : Franck Senninger

Franck Senninger est écrivain et médecin. Il écrit plus particulièrement des romans (Prix Littré, Prix du Rotary international, sélection au Prix Tangente de lycéens 2022), des nouvelles (Prix Cesare Pavese, Prix Città di Cattolica), des ouvrages de psychologie et de vulgarisation médicale. Ses livres sont actuellement traduits en italien, espagnol, portugais, polonais et en arabe. Il est membre de l'Académie Littré et ancien président du jury français du Prix Cesare Pavese (Italie). Il est aussi journaliste pour La Voce, le magazine des Italiens en France et cofondateur de l'Alliance italienne universelle, une association qui réunit les fils de l'Italie. Il donne régulièrement des conférences à l'Université Inter-Âge de Créteil, à l'Université inter-âge de Noisy-le Grand et à l'Université Paris-Est Créteil. Petit-fils de philosophe, trois générations de médecins l'ont précédé ce qui explique sans doute son attrait partagé pour la plume et le stéthoscope.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.